13 novembre

Émotions en ce matin du 13 novembre.

Emotion de me retrouver face à toi, statue de la République.

Inattendu.

Un moment hors du temps.

Voir tous ces gens qui débutent leur journée, qui traversent, marchent, sortent du métro, passent à vélo, et les voir tous, mais alors vraiment tous, ralentir. Faire un pas de côté pour regarder ces fleurs, ce lion, cette statue de la République.

S'arrêter pour se recueillir.

Me questionner sur les images qui nous traversent tous à ce moment-là. Me dire que l'époque a déjà changé.

Me dire qu'ils font du bruit depuis 10 ans toutes celles et ceux qui veulent diviser. Toutes celles et ceux qui veulent écraser les valeurs qui nous font faire société. Celles qui permettent notre vivre ensemble ; qui empêchent que l'on tremble.

Beaucoup trop de bruit. Oui, ils prennent beaucoup trop de place et me prennent beaucoup trop de mon énergie.

Ils essaient de faire bouger notre socle commun. Ce qui fait que nous sommes en lien. Inverser des valeurs, en faire primer d'autres. 

Je regarde en arrière. 10 ans.

Nous traversons une crise presque identitaire. Une crise existentielle de valeurs. Et celles et ceux qui sont censés incarner cette colonne vertébrale sont eux-mêmes désaxés ou ne savent plus comment faire pour nous rassembler. 

Et comme pour chaque crise, chacune et chacun d'entre nous porte plus de responsabilités que jamais.

Savoir c'est pouvoir. Or, jamais notre histoire n'a connu une époque avec autant de personnes éduquées, informées et cela fait forcément bouger les rôles et la place des politiques censés porter nos valeurs communes pour les traduire dans un cadre commun à travers des décisions, des lois et surtout une trajectoire. 

Cela fait forcément bouger notre place à nous surtout.

Liberté égalité fraternité.

Allons même plus loin : solidarité, partage, entraide, tolérance, ouverture, justice, engagement, gentillesse, empathie, altruisme, écoute, respect, dignité...Toutes ces valeurs qui font de nous des êtres humains, et qui nous maintiennent en lien. Toutes celles qui nous permettent de nous sentir vivant. D'être autrement.

Comment se traduisent elles dans nos vie de tous les jours ces valeurs ?

Toutes ces valeurs sans lesquelles le vivre ensemble n'est juste pas possible ou devient en tout cas difficile.

Comment faire pour les incarner, nous. Pour les diffuser, oser les défendre, faire du bruit autour d'elles, les promouvoir tous les jours pour qu'elles infusent partout, tout le temps ?

Les valeurs influencent nos comportements, nos émotions, nos idées, nos actions. A titre personnel mais aussi à l'échelle d'un groupe ou d'une communauté.

Portées haut et fort, incarnées dans nos quotidiens, elles permettent de proposer une alternatives à celles et ceux qui insufflent la peur, le repli, la haine, l'égoïsme, la compétition, la domination, la loi du plus fort, l'aveuglement.

Celles que l'on retrouve aujourd'hui dans des choix politiques, de consommation, d'éducation, de films, de livres.

Celles qui sont diffusées à longueur de journées dans des médias desquels on pouvait encore se sentir protégés il y a 10 ans.

Ils font du bruit ? Nous aussi, allons-y !

Comment ?

Malgré cette époque traversée par ce conflit de valeurs encore plus fort qu'il y a 10 ans, ici, ce matin, je me suis sentie reliée à tous ces inconnus.

Reliée par des émotions, à rêver que les valeurs qui les sous-tendent étaient toutes partagées à cet instant. Nous étions reliés. Nos valeurs prenaient tout l'espace. Elles envahissaient toute la place.

Je me dis que nous avons toutes et tous la responsabilité et le pouvoir de faire de la place à ces valeurs, à travers nos choix, nos actions, nos comportements. Tous les jours à tout moment.

De les dire haut et fort. Et alors, de se sentir relié par elles.

Faire en sorte qu'elles envahissent nos quotidiens. Se faire un clin d'œil et se reconnaître. Nous sommes nombreux.

Et qu'il est urgent de ne pas attendre ce moment de recueillement, ici, place de la République, pour leur redonner leur place. Qu'elles doivent envahir nos espaces.

Ce lion si fier, la tête haute, ne se laissera pas faire. 

Un matin du 13 novembre, place de la République.